Analyse : Le TPI, L’Espace Ferrero et le Dossier de Presse de la Ville de Nice.

Le vendredi 10 juin 2016, la Ville de Nice a organisé une conférence de presse intitulée :

« Présentation des réaménagements du MAMAC et de la donation Ferrero, liés à la restitution de la vocation théâtrale du Théâtre de la Photographie et de l’Image »

Dans le titre du dossier de presse la Ville de Nice parle de :

«restitution de la vocation théâtrale du Théâtre de la Photographie et de l’Image ».

Celle-ci est un mythe dans la mesure où depuis sa fondation en 1895 et son installation Bd Dubouchage en 1910, le cercle de l’Artistique a toujours eu une vocation pluridisciplinaire et n’a, en aucun cas, eu une vocation Théâtrale plus qu’une autre. C’est lorsque le cercle de l’Artistique a connu des difficultés financières, notamment dans les années 80, que la salle a été louée pour renflouer les finances. Durant cette période, de nombreuses pièces de Théâtre, entre autres, ont été organisés. Cette période correspond également au déclin du Cercle de l’Artistique avant qu’il ne ferme et ne soit racheté par la municipalité.

  1. N’hésitez pas à vous référer à ces pages : 2016 < 1895 : Repères Chronologiques
  2. DEHON-POITOU, Françoise : Mémoire de recherche de DEA préparé sous la direction de Ralph Schor à l’université de Nice-Sophia-Antipolis
  3. JEMAI, Slim : LES ARTS PLASTIQUES AU CERCLE L’ARTISTIQUE DANS LES ANNÉES FOLLES (1919 – 1929)

Extrait du Dossier de Presse :

« Je veux permettre aux Niçois et à nos visiteurs d’accéder à toute l’offre culturelle que l’on peut attendre d’une 5e ville de France. Aujourd’hui, cette offre existe mais les lieux d’exposition proposés n’ont, eux, aucune organisation logique. C’est, je dois le dire, encore l’un des héritages malheureux de mes prédécesseurs. J’ai donc demandé à l’administration de revoir sa copie, de réorganiser les sites d’exposition dans le but de donner à chaque collection ou exposition l’écrin qu’elle mérite, avec une ligne directrice : la cohérence. »

Tout d’abord, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que la Mairie de Nice à décidé de « revoir sa copie » suite à la pétition. Elle annonce une série de déménagements de lieux culturels et notamment le transfert du Théâtre de la photographie à la place Pierre Gautier en lieu et place de l’Espace Ferrero.

Si nous nous opposons toujours au déménagement du Théâtre de la Photographie et de l’image, la catastrophe de son déménagement sous le Mamac est évitée.

Il faut également reconnaître que l’Espace Ferrero est un bel espace situé à 850m (source google maps) du Théâtre de la Photographie.

Nous estimons néanmoins que la photographie est largement perdante dans ce jeu de chaises musicales:

1) Un Musée unique en France :
Les magnifiques décors Bel époque du TPI offrent un cadre unique pour une exposition de photographie. Un argument majeur pour convaincre les plus grands noms d’y exposer quand on sait que les budgets sont toujours limités…

2) Le lieu actuel est parfaitement adapté pour la photographie :
6 salles d’exposition, une salle de documentation et la grande salle avec la scène pour organiser des rencontres avec les artistes, des projections, des concerts (solistes de l’Opéra de Nice notamment), des conférences, des expositions des travaux de Lycéens, etc.

Plan-TPI

(source : visite virtuelle du TPI : http://tpi-nice.org/visite/index.htm)

3) Le Théâtre de la Photographie, un NOM reconnu depuis 17 ans :
Comment parler de visibilité lorsque l’on change le nom d’une institution?
Si ce déménagement devait avoir lieu, le TPI devra logiquement changer de nom : un désastre en terme d’image et de reconnaissance.

4) Le respect de la mémoire et de l’âme du lieu :
Le TPI respecte la dimension pluridisciplinaire qui était l’âme de l’Artistique durant près d’un siècle. (Voir le 2ème point plus haut sur cette page)

Le cercle L’Artistique est fondé en 1895 par des Niçois, sur des bases différentes. Par ses conférences, ses concerts, ses expositions et ses réceptions d’hommes et de femmes célèbres dans ces domaines, il devient le foyer d’art qu’il s’était promis d’être. (Source: DEHON-POITOU, Françoise)

5) La fréquentation :
Avec 80.000 visiteurs en 2014, le TPI est pour le moins l’un des fleurons de l’offre muséale de la Ville de Nice. Situé à deux pas de Nice étoile et du tramway, il n’est qu’à 850m de l’Espace Ferrero dont la fréquentation est bien moindre malgré son emplacement.
A l’heure d’internet, comment ne pas trouver le TPI si l’on vient faire du tourisme à Nice?

 

Au sujet de l’Espace Ferrero :

Ce dernier n’est pas dénué d’intérêt, c’est même un très bel espace mais plus petit que le TPI (deux salles d’exposition), dont une grande salle avec beaucoup de lumière du jour (ce qui est mauvais pour la photographie).

C’est un ancien bâtiment EDF, c’est à dire un environnement d’usine, que l’on retrouve partout aujourd’hui. De nombreux lieux de ce type sont reconvertis en espace d’exposition Le Théâtre de la Photographie, lui, est un bijou unique en France

Les expositions « historiques »,  régulières et nombreuses au TPI (Lartigue, Cartier Bresson, Brassaï, etc.), auront du mal à s’insérer dans ce décor qui se prête davantage aux travaux et aux grands formats contemporains.

 

Le principal atout de l’Espace Ferrero est sa façade, sa grande entrée vitrée et ses nombreuses fenêtres en font un espace ouvert sur l’extérieur. Le problème c’est qu’il est impératif d’occulter toute cette lumière pour des raisons de normes de conservation. Bref, c’est un non-sens en terme d’aménagement architecturale. L’intérieur du lieu est fait pour être vu de l’extérieur.

Nota : Cet article est susceptible d’être enrichis car nous avons besoin de temps pour nos recherches.

Revenons sur l’analyse du dossier de presse :

En résumé, il est annoncé que l’école de Théâtre parrainée par Francis Huster s’installera au TPI, que le TPI va prendre la place de la collection Ferrero, que la collection Ferrero va occuper les locaux du Forum de l’urbanisme. Ce dernier devant s’installer aux abattoirs.

  • M. Christian Estrosi affirme que l’organisation des lieux d’expositions est incohérente et rejette la faute sur ses prédécesseurs :

Aujourd’hui, cette offre existe mais les lieux d’exposition proposés n’ont, eux, aucune organisation logique. C’est, je dois le dire, encore l’un des héritages malheureux de mes prédécesseurs.

En 2014, le Forum de l’urbanisme a été déplacé sous le Mamac alors qu’il était installé place Pierre Gautier. Il a dû céder sa place à la Collection Jean Ferrero suite à la donation faite à la Ville de Nice fin 2013. Deux des quatre lieux devant déménager ont donc été installés par M. Christian Estrosi  et son équipe municipale.

50% de la responsabilité de cette supposée incohérence est logiquement le fait de la municipalité actuelle…

  • Qu’il y ait des expositions de photographies à l’Artistique n’est pas incohérent puisqu’il y en a depuis plus d’un siècle.

1895 – 1925 : « Toujours dans cet esprit du foyer artistique novateur, G. Bellivet réalise la première exposition de photographies organisée en province. Elle obtient tout de suite un très grand succès et les expositions de ce type se succéderont sans relâche. Dans sa conférence « Les Trente Ans de l’Artistique », Joseph Saqui précise que G. Bellivet a déjà organisé en 1925 plus de cent de ces fameux salons. »
(Source : Slim JEMAI)

  • Que l’Espace Ferrero soit dans le Vieux Nice et indépendant du Mamac ne semble pas incohérent lorsque l’on connait l’importance de l’École de Nice pour la 5éme Ville de France. Celle-ci peut légitimement lui accorder deux lieux d’exposition.
  • Qu’un Forum de l’Urbanisme soit en cœur de ville et accessible aux citoyens désireux de s’informer semble cohérent. Davantage qu’un exil en périphérie?
    Cela fait deux fois en deux ans que le forum de l’urbanisme doit déménager.
  • Quid de la cohérence des dépenses publiques ? Quid du développement de l’offre culturel en préservant ce qui fonctionne et en créant un nouveau lieu dans un espace disponible afin de réhabiliter et d’enrichir? Quid de la fermeture aux niçois de leur patrimoine?

Que ce  jeu de chaises musicales encensant la logique et la cohérence ait pu être conçu en une dizaine de jours  seulement et sans concertation avec les principaux intéressés, si ce n’est M. Jean Ferrero, nous semble incohérent…

Repères : La pétition a été lancée le 25 mai 2016. Elle a été reprise par la presse pour la première fois une semaine plus tard. La conférence de presse de la ville s’est déroulée le 11 juin 2016 au matin.


Nous ne le répéterons jamais assez, nous ne sommes ni contre M. Christian Estrosi ni contre M. Francis Huster mais pour le maintien du Théâtre de la Photographie de Nice !

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